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Désagrément, difficultés, emmerdes, emmerdement, mécontentement, souci, tracas, autant de synonymes pour expliquer ce qu’est l’ennui. Devoir compter les mouches, fixer les fissures du plafond, se tourner les pouces, tourner en rond dans son appartement sans savoir quoi faire; voici autant de choses qui nous semblent désagréables. Comment réagiriez-vous si je vous disais que l’ennui est une émotion normale et saine? Il est vrai que naturellement nous n’aimons pas nous retrouver dans cet état d’esprit qui nous plonge dans un vide intérieur. Mais comment faire face à cette angoisse poignante, à ce mal-être qui fait que nous ne nous supportons pas au quotidien. C’est une des raisons qui peut amener une personne à développer une problématique de dépendance: tromper l’ennui en (sur)consommant. Notre façon de combler ces moments aura nécessairement un impact sur notre mode de vie.

Si vous vous souvenez de la première fois où vous avez élaboré votre superbe cabane en couvertures lorsque vous étiez enfant, ou encore votre chasse au trésor dans le jardin… Vous avez trouvé ces activités parce que vous ressentiez de l’ennui à ce moment. C’est la même chose qui s’est passée lorsque vous avez découvert d’autres activités qui vous font plaisir (sports, arts, mots croisés…): vous aviez besoin à ce moment de quelque chose pour passer le temps. C’est grâce à ces périodes plus creuses que nous pouvons développer de nouvelles passions et apprendre ce que nous aimons réellement. Il ne faut pas avoir peur de moments en solo, il faut plutôt apprendre à les apprivoiser. Plusieurs facteurs ont été ciblés comme nuisibles lors de l’arrêt de consommation: le transfert de dépendance (sexualité, dépendance affective, nourriture), l’isolement, l’inaction, l’épuisement, les excès, la difficulté à «se choisir», les déceptions relationnelles, le manque de discipline, l’impulsivité, etc. Apprendre à gérer son ennui est donc tout un art, mais cela devient essentiel lorsque nous voulons prévenir la rechute.

En conclusion, l’ennui c’est quand notre cerveau n’est pas stimulé de façon satisfaisante: c’est dans ces cas-là qu’il se créera lui-même des stimuli. Cela vous amènera donc à être plus créatif et améliorera votre santé mentale. Laisser son esprit sauter du coq à l’âne augmenterait alors notre capacité à trouver des solutions à nos problèmes et de l’inspiration. Il y a cependant une bonne façon de s’ennuyer: évitez de faire défiler le fil d’actualités de votre cellulaire, mais favorisez plutôt des moments de rêveries. Cela peut aussi se faire lors d’une tâche ou une activité qui demande peu de concentration comme aller marcher, nager, méditer ou tout autre type d’activités sans trop de stimuli (sans musique, écrans ou discussion). Bref, laissez-vous le droit de vous ennuyer…

Références:

LAROUSSE (2020). Ennui, Larousse en ligne, France https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ennui/29681 (page consultée le 16 mars 2020)

CAMILLOZACCHIA (2015). L’ennui a ses bons côtés, Métro, Montréal, https://journalmetro.com/art-de-vivre/700963/lennui-a-ses-bons-cotes/ (page consultée le 16 mars 2020)

PELLETIER, Dyna (2018). La rechute: des stratégies pour la prévenir chez les adultes ayant un trouble concomitant en santé mentale et dépendance, Maîtrise en intervention en toxicomanie, Université de Sherbrooke, Faculté de médecine et de sciences de la santé, 49 pages.

FERRARI, Justine (2019). S’ennuyer est bon pour l’esprit et la santé mentale, Pourquoi docteur: mieux vivre, France, https://www.pourquoidocteur.fr/Mieux-Vivre/27946-S-ennuyer-bon-l-esprit-sante-mentale (page consultée le 16 mars 2020)