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Depuis que je suis toute petite, je ressens le besoin de vivre intensément. La vie passe tellement vite que je dois tout voir, tout goûter et tout vivre. Cet aspect de ma personnalité m’a apporté énormément de problèmes parce que j’étais constamment dans l’excessivité. J’étais incapable de rester tranquille chez moi par peur de manquer quelque chose.

Je suis de la génération du YOLO (You only live once). Cela veut dire que tu vis seulement qu’une fois, alors profite de chaque instant. Le mode de vie YOLO, je l’ai vécu à 200%. Pendant mes études, j’avais plusieurs emplois en même temps en plus de m’impliquer dans les associations étudiantes. J’étais responsable d’organiser les partys de mon association. Chaque jour était un vendredi. Cela ne changeait rien si je travaillais le lendemain ou si j’avais un examen important. J’allais fêter jusqu’aux petites heures du matin.

Après plusieurs années de ce régime, j’ai commencé à développer une dépendance. C’était mon mode de vie. Je sortais plusieurs fois par semaine. J’accumulais la fatigue et les problèmes. Pour finir, j’ai commencé à boire pour atténuer mon stress. Cependant, j’étais clairement entrée dans un cercle vicieux. Tu accumules du stress toute la semaine et tu bois pour l’atténuer temporairement. Le lendemain, tu as la tête dans «l’cul», tu dois gérer les conneries que tu as faites la veille et tu ne règles jamais tes problèmes. Tu cumules sans cesse la fatigue, les conneries, le stress et les déceptions. On appelle cela «the feedback loop from hell». Tu deviens donc stressé parce que tu es constamment stressé.

J’appréhendais les moments pour consommer de l’alcool. J’aimais toutes les sortes, je m’amusais à dire que ma sorte d’alcool préférée était la plus grosse quantité avec le plus haut taux d’alcool en spécial à l’épicerie. Une bouteille de vin 1 litre était mon apéritif pour commencer ma soirée. À la fin, mes soirées de «brosses» commençaient plutôt en début d’après-midi. Je me cachais des réserves d’alcool et je commençais à boire en cachette.

J’avais 24 ans quand j’ai compris que j’avais un sérieux problème de consommation. Ce n’était plus seulement pour le fun! Pour moi, un alcoolique c’était quelqu’un de tout croche qui ne travaille pas et qui ‘a aucune responsabilité. Moi, j’étais hyperfonctionnelle avec plusieurs emplois, des implications sociales et un baccalauréat en cours de réalisation. Cependant, j’étais bel et bien une alcoolique. L’alcool était devenu nécessaire à mon fonctionnement. Sans alcool, je n’avais aucun moyen de relâcher la pression que j’avais accumulé pendant la semaine. De plus, les gens commençaient à me renvoyer une image négative de moi. Quand tu es vraiment «saoule» et que tu ne te rappelles pas de ton comportement, le reflet que les gens t’envoient devient lourd.

Je commençais à me perdre moi-même. Je vivais comme s’il n’y avait pas de lendemain, mais le lendemain venait toujours. Et il était de plus en plus lourd. Mon copain était tanné de constamment me voir «saoule». Il commençait à gérer ma consommation, mais en bonne alcoolique, je me faisais des réserves dans ma sacoche. Je ne pourrais pas quantifier le nombre de fois que j’ai voulu arrêter sans succès.

Je suis tombée enceinte, alors j’ai dû arrêter de boire à outrance. Je dois avouer qu’à 3 reprises j’ai pris plus qu’une seule consommation. Malgré tout, je trouve que j’ai été vraiment bonne de me contrôler autant. La maternité ça change ta vie et ça fait vraiment réfléchir à ce que tu veux dans la vie. Lorsque mon fils a eu 3 mois, j’ai arrêté de consommer pendant 6 mois. J’ai réussi toute seule, mais à la pendaison de crémaillère de ma première maison, je n’ai pas été capable de ne pas consommer. C’était reparti pour un 5 mois de consommation. C’était aussi intense et même pire qu’avant que je tombe enceinte. Le 11 décembre 2016, j’ai décidé d’arrêter à nouveau. Cette fois j’ai réussi. Cela fait 3 ans que je n’ai pas consommé d’alcool et ma vie est incroyablement gratifiante. La clé de mon succès: DEMANDER DE L’AIDE. Je suis allée chercher de l’aide et je me suis avouée que j’avais un problème. On ne pense jamais qu’on peut avoir un problème d’alcoolisme à 25 ans mais c’était mon cas. Je ne buvais pas à tous les jours mais l’alcool était devenu essentiel à ma vie en même temps qu’il la détruisait.

Aujourd’hui, je ne ressens plus cette urgence de vivre. Je ne cours plus après les sorties et je suis vraiment mieux avec moi-même. Je règle mes problèmes au fur et à mesure et je suis beaucoup moins stressée. Maintenant, je n’ai plus envie de boire. Je sais pertinemment que cela n’apportera rien de mieux à ma vie. Je suis maintenant fière d’être une alcoolique sobre!

M.V.